Le Club de l’OURS a reçu le jeudi 6 novembre 2014
Monsieur Philippe NICOLAS
Directeur régional des entreprises, de la consommation,
du travail et de l’emploi
(DIRRECTE)
sur le thème
Les problèmatiques de l’emploi en Rhône-Alpes

Le taux de chômage au sens BIT reste à un niveau élevé 8,6% (sur les 2 premiers trimestres 2014), mais 1 point en deçà de la moyenne nationale. Les demandeurs d’emploi inscrits à pôle emploi représentent environ 80% des chômeurs au sens du BIT.

Les jeunes en particulier, et plus généralement ceux qui ne sont pas indemnisables, ne sont pas tous inscrits à Pôle à emploi, ce qui suppose de nuancer l’interprétation pour eux notamment.

Sur 6 mois (avril-septembre 2014), la demande d’emploi A ou ABC est à la hausse (+ 2.2% cat A), plus rapide pour les personnes au chômage cumulant un emploi (cat BC : +3.4%). En structure sur 6 mois, les évolutions sont peu marquées et les constats selon les catégories statistiques standards de demandeurs d’emploi restent les mêmes, à savoir :

Le niveau de formation couplé à l’âge

–          Les 25-50 ans inscrits à PE restent massivement présents (63% des inscrits) mais, pas en surreprésentation par rapport à leur poids dans l’emploi (65%) ;

–          Le poids des moins de 25 ans dans la demande d’emploi (15%) est de 5 points supérieur à leur poids dans l’emploi (10%) ; la hausse sur 6 mois est proche de la moyenne tous âges confondus ; l’inscription à Pôle emploi est moins longue que les autres tranches d’âge mais récurrente, la moitié des jeunes sortants de l’appareil scolaire étant toujours en contrats courts au bout de 3 ans ;

–          Les 50 et plus ne sont pas surreprésentés dans la demande d’emploi (22%) par rapport à leur poids dans l’emploi (24%) ; leur taux de chômage est parmi les plus faibles[2] ; en revanche, la hausse sur 6 mois est plus rapide que la moyenne tous âges confondus (+3.3% au lieu de +2.2% en cat A, +3.6% au lieu de +2.6% en cat ABC).

Le niveau de formation initiale est déterminant pour expliquer le chômage et le chômage de longue durée, ce qui signifie qu’il reste un critère majeur de recrutement : 53% des demandeurs d’emploi (ABC) sont titulaires d’un niveau V, V bis ou VI contre 44% dans la population en emploi. La proportion s’accroît avec la durée d’inscription (58% pour les CLD et, dans le détail, 55% pour les 1 à 2 ans, 59% pour les 2 à 3 ans, 62% au-delà de 3 ans). La faiblesse du niveau de formation initiale concerne en moyenne 67% des demandeurs d’emploi de 50 ans et plus, sans grand écart selon l’ancienneté d’inscription ; les bas niveaux concernent 58% des moins de 25 ans (en hausse avec l’ancienneté, jusqu’à 65% pour les 2 ans et plus) ; c’est moins vrai pour les 25-49 ans (49% sont titulaires d’un faible niveau de FI, en hausse avec l’ancienneté, jusqu’à 55% au-delà de 3 ans).

L’approche par sexe est pertinente

La demande d’emploi cat A concerne depuis janvier 2014 majoritairement les hommes 52%, et l’accroissement en 6 mois est deux fois plus rapide (+3%, cat. A) que pour les femmes (+1.4%). Cette tendance est en lien probable avec l’accélération de la désindustrialisation depuis 2008 (-111 000 postes hors intérim depuis 2001, – 52 400 depuis 2008) et avec la tertiarisation de l’activité économique. En revanche, l’activité réduite (cat B et C) concerne très majoritairement les femmes (56%), depuis au moins 4 ans.

L’activité réduite – féminisée – par défaut de mieux

L’augmentation de l’activité réduite traduit une précarisation des chômeurs. Elle (cat B et C) représente 34% des inscrits, 10 points de plus en 15 ans (24% en janvier 2000). Plus de la moitié des personnes en activité réduite travaille au moins à mi-temps ; près de 40% des chômeurs au moins 106 heures par mois ; 23% sont proches du temps plein. Faut-il parler ici de chômeurs en emploi ou de salariés au chômage.

Ancienneté moyenne/DELD/récurrence

L’ancienneté moyenne d’inscription à PE est de 470 jours (449 en juin 2013), géographiquement discriminée : la durée va s’estompant d’ouest à l’est de la région. Près de 40% des inscrits le sont depuis au moins 1 an, 20% depuis au moins 2 ans. La surreprésentation des plus de 50 ans dans le CLD (30%) tient probablement aussi à la faiblesse de leur niveau de formation initiale.

(NB : le chômage de longue durée ne dit rien de la récurrence au chômage – cumul des périodes au chômage sur plusieurs années avec réinscriptions -, qui suppose un travail d’exploitation spécifique).