Le Club de l’OURS a reçu le jeudi 15 novembre 2012
Gérard ANGEL
Président directeur général fondateur du journal satirique « les potins d’Angèle »
sur le thème :
« Lyon, place forte de la presse satirique à travers les temps »

Gérard Angel, président directeur général fondateur du journal satirique « les potins d’Angèle » est intervenu devant une centaine de chefs d’entreprise pour rappeler les moments forts de la presse satirique à Lyon, mais aussi en France.

Le Canard Enchainé

Certes l’image la plus significative de la presse satirique en France est celle du Canard Enchaîné créé le 10 septembre 1915, qui est donc bientôt centenaire, dont le journaliste se plait à rappeler le slogan : « la liberté de la presse ne s’use que quand on ne s’en sert pas ».

Maurice et Jeanne Maréchal lui avaient donné pour devise : « tu auras mes plumes, mais pas ma peau ».

La presse satirique apparaît en France sous la révolution, mais comme la censure sévit elle décapite allègrement les empêcheurs de penser en rond.

Lyon, berceau de la presse satirique française

Lyon, est le berceau de la presse satirique française car la ville va voir naître, en 1800, le premier dessinateur, lithographe, journaliste, directeur de journaux spécialiste de la presse satirique : Charles Philippon.

En 1829, il est rédacteur et dessinateur du journal « la silhouette » puis crée à Paris les journaux « La Caricature » en 1830 et surtout « Le Charivari » en 1832. On lui doit alors la célèbre caricature de Louis Philippe en forme de poire.

Honoré Daumier et Charles Philippon

Honoré Daumier, graveur, caricaturiste, peintre et sculpteur contribuera au succès de ces journaux satiriques.

On doit donc tout simplement à Charles Philippon l’introduction des caricatures dans la presse satirique hexagonale.

Les lois de septembre 1835, faisant suite aux grèves et aux émeutes de 1833 et 1934, astreindront les journaux à la censure.

Sous le règne de Louis Philippe « Le Charivari » soutiendra 20 procès et survivra tout de même jusqu’en 1937.

Le 24 février 1848, Louis Philippe abdique, c’est l’époque de « L’union des bas bleus » et de la revue satirique « Les cocottes en colère » La presse satirique renaît à Paris.

Le journal de Guignol

A Lyon, en 1865, la presse satirique naît avec « le journal de Guignol » et « le sifflet ». Ces journaux piétinaient allègrement les plates-bandes interdites de la politique et, interdits un jour, ils réapparaissaient quelques semaines plus tard sous un nouveau titre. « Le journal de Guignol » ne survivra que 17 mois essuyant 4 procès et des amendes pour diffamation et outrage à la religion.

Pas moins de 40 titres verront le jour à Lyon et certains comme « La Claque » n’éditeront même qu’un numéro.

En 1871, Adolphe Ponet, typographe devenu journaliste fonde à Lyon un hebdomadaire satirique illustré : « La comédie politique ». Ce journal connaît de nombreuses interruptions, notamment dues à des procès et à l’emprisonnement de son fondateur. Il perdura malgré tout jusqu’en 1904.

La date fondamentale pour les journalistes est le 29 juillet 1881, avec le vote de la loi sur la liberté de la presse.

Guignol

Le 10 octobre 1914, juste après la déclaration de guerre, Victor Lorge met en vente le numéro 1 du célèbre « Guignol » journal hebdomadaire humoristique.

Ce journal reflète bien l’esprit lyonnais et, à n’en pas douter, il est et sera le meilleur. Dès sa sortie, le lecteur prend connaissance de ce nouveau journal en ces termes : En faisant paraître notre journal, nous devons une brève explication aux lecteurs. Et d’abord, sa création vient-elle en temps opportun ? Dans ces moments si critiques, ne serait-il pas mieux de consacrer ses énergies à la défense du sol national ? Loin de nous toute idée de lucre ; le but que nous proposons est beaucoup plus noble : ne pas laisser éteindre l’esprit gaulois, la caractéristique de notre race, répandre pa tout la bonne humeur et la franche gaîté.

A sa mort en 1964, l’épouse de Victor Lorge prendra sa succession et le journal vivra jusqu’en 1975.

Plus tard, un imprimeur, Jean-Jules Bertin essaye de faire revivre le journal « Guignol » aidé de deux compères, l’un Agostino, journaliste de talent, l’autre étant contre les Etats-Unis, contre la société de consommation, mais pour la presse biologique c’est à dire sans engrais publicitaire. Ce dernier devenu depuis, publicitaire reconnu, adjoint à la ville de Lyon, vice-président du Grand Lyon et conseiller général du Rhône est …. Jean-Michel Daclin.

Certes, ce journal était réalisé par des gens de talent, mais ce n’était pas un journal d’information, c’était un journal de commentaires ; il n’y survivra pas.

Gérard Angel

Normand d’origine, Gérard Angel termine ses études à Paris et s’installe à Lyon il y a 26 ans. Son talent de polémiste fait merveille dans les pages politiques du Progrès et il rapporte avec malice la servilité de ses confrères du journal vis-à-vis des puissants.

En 1986, il dépose le nom de la rubrique qu’il gère au journal « Le Progrès » qu’il quitte en 2005 pour lancer le 8 septembre 2005 le journal «Les Potins d’Angèle» ; l’hebdomadaire des coulisses de la vie lyonnaise

Les potins d’Angèle

Cette même année 2005 va voir la naissance ou la renaissance de 3 journaux :

– L’hebdomadaire « La Tribune de Lyon » détenu par un millionnaire

– L’hebdomadaire « Lyon Capitale » détenue par un milliardaire

– L’hebdomadaire « Les Potins d’Angèle » le parent pauvre auquel on ne donne pas grand temps à vivre.

Mais Angèle a la vie dure, huit ans plus tard l’œil est toujours malicieux.

Le journal « Les Potins d’Angèle » comporte une page dédiée à la lettre de Ferney du nom de cette petite ville du pays de Gex situé à quelques centaines de mètres de la frontière suisse où le philosophe, auteur dramatique, poète, historien, polémiste… Voltaire pouvait se réfugier en cas de velléités du pouvoir.

L’ensemble des pseudonymes employés pour cacher l’identité des personnes citées est puisé dans la littérature de Voltaire.

Les questions

Pour terminer, les questions des membres du Club arrivent :

Est-il difficile de faire vivre un journal aujourd’hui ?

L’essentiel des recettes provient des abonnements et en période d’étiage, il faut compter sur les amis et les principaux associés.

Le journal fait vivre, en dehors de son directeur, un collaborateur et deux dessinateurs (Castillon et Fiche)

Comment parviennent les informations ?

Très souvent par des personnes qui se targuent de ne pas me parler. Les phrases d’introduction sont toujours les mêmes : « ce n’est pas mon genre, mais.. » il suffit alors de prendre l’aire angélique et d’écouter.

Y a-t-il des pressions, des procès ?

Il y a parfois des pressions, mais il faut passer outre. Les gens connus sont contents que l’on parle d’eux, le véritable danger est de citer un anonyme qui intentera un procès juste pour faire parler de lui. Il vaut donc mieux éviter, simplement pour limiter les frais d’avocat !

Que pensez-vous du problème des caricatures de Mahomet ?

La liberté de la presse est une chose sacrée, ceci étant dit je ne les aurais personnellement pas éditées.